Publié dans Dossier

Covid-19 - Tous ceux qui luttent pour notre survie 

Publié le mardi, 04 mai 2021

Les personnels soignants se trouvent au premier rang de la riposte à la pandémie de Covid-19. Les remerciements et la reconnaissance à leur égard foisonnent de toutes parts, y compris venant du Président de la République. Toutefois, les médecins et paramédicaux ne sont pas les seuls qui travaillent durs en ce temps de crise. Les pharmaciens s’activent 24h sur 24 pour mieux servir les patients et clients. Il en est de même pour les laborantins qui se chargent de l’analyse des prélèvements après les tests PCR. Pour leur part, les éléments des Forces de l’ordre s’assurent des contrôles quant au respect des gestes barrières et des directives en état d’urgence sanitaire, sans oublier leur mission de sécurisation. Les transporteurs, notamment les taximen, ne sont pas en reste dans la lutte. Certains taxis sont transformés en ambulance pour transporter les malades du coronavirus. Dans tous les cas, chacun d’entre ceux qui luttent pour notre survie mérite d’être mis en avant, avec leur implication, leurs sacrifices et leur dévouement. Les efforts déployés n’ont pas de prix, et une bonne conscience est de mise.



Sur tous les fronts… pour une qualité des soins dispensés aux malades
Les directeurs des grands établissements sanitaires à Madagascar sont actuellement débordés à cause du travail. Ils endossent plusieurs responsabilités, lesquelles consistent à gérer  à la fois le côté logistique, économique, financier et ressources humaines, tout en s’impliquant directement au soin des patients. Et cela afin de répondre au problème de sous-effectif des personnels médicaux, engendré par l’explosion des nouvelles contaminations. En même temps, ils doivent non seulement gérer et savoir dispatcher les agents hospitaliers, infirmiers, médecins et tous les  autres personnels de santé au niveau des services réaménagés pour le traitement de la Covid-19, mais doivent également assurer leur motivation au quotidien.
A Antananarivo, le regain épidémique - enregistré depuis le mois de mars dernier - a surchargé la capacité d’accueil du Centre hospitalier universitaire d’Anosiala, le tout premier centre spécialisé dans le traitement du coronavirus à Madagascar.  En moyenne, 11 patients y sont hospitalisés chaque jour, en plus d’une trentaine de consultations externes. Le docteur Rado Razafimahatratra, directeur de cet établissement sanitaire, témoigne à travers cet article les efforts déployés au sein de son département afin que les patients Covid-19 se rétablissent vite. « En tant d’administrateur, je suis a priori dans l’obligation d’assurer le bon fonctionnement de l’établissement sanitaire. En temps réel, même durant les quelques heures passées à la maison, je dois m’assurer de la bonne organisation de tous les services, sans oublier de gérer les appels incessants. Une fois au travail, je me concentre durant toute la matinée aux tâches administratives, en élaborant le rapport technique à envoyer au ministère de la Santé publique, ou encore en identifiant les places disponibles et en autorisant les transferts réalisables. Durant l’après-midi, le mode clinicien est activé avec les visites et les suivis médicaux. Moi et le directeur technique, nous sommes dans l’obligation de prêter main-forte à nos médecins. A ce stade, un médecin s’occupe de 15 à 30 patients. Une fois, vers 22h, deux arrêts cardiaques se sont présentés. L’équipe déjà en sous-effectif s’est séparée en deux pour les prendre en charge en même temps. Le tour de garde est aussi tout le temps modifié, un changement qui ne plait pas vraiment aux personnels de santé et ne leur donnant aucune pause. Mais en tant que premier responsable, je me dois de les rassurer. Ce qui complique nos tâches se repose sur la lenteur des démarches administratives en cas d’urgence. Il arrive que certains médicaments demeurent inexistants. Or, il nous faut toute une procédure avant d’avoir une validation. Fort heureusement, le Président de la République, Andry Rajoelina, a déclaré l’état d’urgence sanitaire, ce qui a permis de réduire le délai de traitement des dossiers face aux urgences. La situation est très complexe, mais nous avons beaucoup appris lors de la première vague de cette pandémie. De plus, je sens que toute l’équipe reste impliquée et concentrée. En outre, la mise en place d’une collaboration avec les acteurs externes dont la JIRAMA et quelques associations œuvrant dans les actes de bienfaisance qui nous dépannent en temps réel, est une réussite », a-t-il expliqué.

Les médecins militaires travaillent d’arrache-pied

Répartis en équipes mobiles ou fixes. Les médecins militaires travaillent d’arrache-pied depuis le début de cette crise sanitaire. En fait, ils sont mobilisés en masse à travers la Plateforme nationale de gestion médicale (PNGM) de Covid-19. Celle-ci s’assure des suivis permanents et en temps réel des malades qui suivent des traitements à domicile ou dans les établissements hospitaliers. Parmi les cellules opérationnelles de ladite plateforme, la Cellule Conduite et Opérations s'occupe particulièrement de la gestion des cas graves suspects ou confirmés, des investigations et de la riposte. Elle travaille de concert avec la Brigade d'intervention spéciale (BIS) comme unités mobiles pour réaliser différentes missions. « Des médecins militaires ainsi que des infirmiers de l’Armée ou de la Gendarmerie composent les équipes mobiles du BIS », souligne le Général Lysias Rasamimanana. Une sous-cellule assure le transfert dans le plus bref délai des cas graves. Elle doit en permanence être informée sur les états des lieux des centres qui prennent en charge les cas graves.
D’un autre côté, la base de données « COVDATA19 » et les Campagnes d’appels constituent les principaux outils de la plateforme. Le logiciel COVDATA19 est une application de gestion de données qui permet de regrouper les informations personnelles nécessaires sur les patients. Il facilite le suivi de l’état de santé des malades et la traçabilité́ de tous les tests et traitements effectués. « Outre les médecins militaires, des spécialistes dont des ingénieurs s’assurent des missions du COVDATA », précise notre source. Bref, les éléments de l’Armée malagasy sont fortement mobilisés non seulement sur terrain pour effectuer les contrôles, mais aussi dans la prise en charge des patients, via les médecins et infirmiers militaires.

Les paramédicaux auprès des laboratoires ont aussi de lourdes tâches
Certainement, les personnes à l’affût de l’actualité n’ont pas encore eu l’occasion de découvrir qui se cachent derrière les chiffres rapportés par le Centre de commandement opérationnel Covid-19 ou encore quelles tâches ont été accomplies jusqu’à l’obtention des statistiques. Outre leur présence auprès des Centres de traitement Covid-19 (CTC) et des structures de santé accueillant les patients atteints du coronavirus, les paramédicaux sont également assignés au niveau des laboratoires d’analyse médicale. Ils constituent l’équipe assurant les étapes qui séparent le prélèvement et le résultat d’un test de dépistage.  Quotidiennement, plus d’un millier d’analyses attendent les professionnels paramédicaux au niveau du Laboratoire d’analyse médicale malagasy (LA2M) et des grands hôpitaux habilités à dépister le virus. Or, selon eux, ceux travaillant dans les laboratoires n’ont jamais été récompensés en guise de prime Covid-19, ni par le ministère de la Santé Publique, ni par la Présidence de la République.
Voici un aperçu des missions qui attendent les paramédicaux, et cela à travers un entretien avec Hariniaina Sitraka Antsa, l’une des jeunes malagasy qui ont suivi une formation des paramédicaux mobilisés auprès du laboratoire d’analyse au sein de l’Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona (HJRA), sis à Ampefiloha. « Premièrement, il existe trois étapes à suivre après le prélèvement et jusqu’à l’obtention du résultat d’un test PCR.  Il s’agit de la lyse, puis l’extraction de l’ARN qui pourrait parfois être compliquée, et enfin le test PCR en soi dont la durée est fixée en une heure et demie. C’est pour vous dire que nous sommes donc en contact permanent avec le virus et le risque d’être contaminé est élevé, même en étant muni des équipements de protection individuelle. En plus de cela, le traitement nécessite de longues heures alors que vous êtes le seul à s’en occuper. Il m’est déjà arrivé de procéder à une analyse à partir de 19h jusqu’à 4h du matin, ou encore commencer vers 8h du matin pour n’en sortir qu’à 18h, sans faire une pause. Ces efforts ont été déployés afin de respecter la durée de traitement et l’obtention des résultats allant de 48 à 72 heures. Même si les échantillons sont classés par ordre d’arrivée, des priorités se présentent toujours, notamment les urgences. Non seulement ces échantillons sont prévus à être traités en premier, mais il faut aussi les achever le plus tôt possible. Vous n’imaginez pas la fatigue que je ressens au moment où toutes les étapes sont enfin franchies. J’étais une fois envoyée en mission à Nosy Be Hell Ville pour la même opération. Nous étions deux personnes pour s’occuper de tous les échantillons de la ville. Or, seule la première étape nous prend trois heures de temps », a-t-elle partagé.

Des taxis servent d’ambulance…

Très sollicités depuis le début de la pandémie. Les chauffeurs de taxi ne chôment pas et travaillent jour et nuit. Ces véhicules servent de transport privilégié pour ceux qui en ont les moyens. Ils sont très sollicités dans le transport de patients, y compris ceux de la Covid-19. Pourtant, bon nombre d’entre les chauffeurs refusent de transporter ces malades du coronavirus, notamment par peur d’être contaminés. Ce n’est pas le cas d’Hervé Raharimilanto, chauffeur de taxi habitant à Anosizato. Ce chauffeur de taxi, depuis maintenant 8 ans, a choisi de se spécialiser dans le transport des patients de la Covid-19 depuis une vingtaine de jours. « Les taxis ont déjà servi d’ambulance depuis des années, entre autres pour le transport des victimes d’accident. Je me suis dit que transporter les patients de la Covid- 19 constitue ma contribution dans la lutte contre cette pandémie », avance notre chauffeur.
Depuis la mi-avril, le téléphone d’Hervé n’arrête pas de sonner. Il a reçu une dizaine d’appels jour et nuit durant la première semaine. 8 d’entre les appels sont répondus positivement, en tenant compte de son emploi de temps. « J’ai pu transporter près de 50 patients, dont 3 ou 4 de formes graves, et quelques autres déjà guéris. Je ne leur exige pas un tarif mais ils me paient selon leurs moyens. J’ai choisi avant tout de le faire pour aider mes compatriotes en détresse. En 2020, je l’ai fait gratuitement durant un certain temps puisqu’un donateur a pris en charge mon carburant et l’entretien de mon véhicule », ajoute l’audacieux. D’ailleurs, bon nombre d’entre ses clients ont fait un éloge le concernant sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, un genre de reconnaissance qu’il apprécie et collectionne.
Hervé fait chambre à part avec sa femme et ses 2 enfants depuis le jour où il a décidé de transporter les malades de la Covid-19. « Outre la désinfection régulière de mon 4L et le port d’équipements de protection individuelle, j’ai choisi cette option pour protéger au maximum ma famille. Je n’envisage de redormir avec eux qu’une fois testé négatif du coronavirus », s’exprime le père de famille. Une fois que l’état d’urgence sanitaire soit levé et que les clients se feront rares, il compte prendre quelques semaines de pause avant de reprendre son activité.
Dossier réalisé par Patricia Ramavonirina et Kanto Rajaonarivony

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Editorial

  • Un phare
    « Je voudrais être un phare qui voulais illuminer les démunis et leur apporter la lumière », telle est la déclaration, érigée en confession de foi, de Harilala Ramanantsoa, porte étendard n° 7 de l’IRMAR – UPAR aux communales et municipales d’Antananarivo-Renivohitra prévues le 11 décembre prochain. A l’issue d’un culte d’action de grâce et de louange au temple du Palais de Manjakamiadana, Harilala Ramanantsoa répond à la question des confrères pourquoi a-t-elle choisi ce site historique pour organiser un culte qu’elle devait déclarer ainsi. Qu’est-ce qu’un phare ? Le Robert le définit en ces termes « une tour élevée sur une côte ou sur un îlot, munie à son sommet d’un feu qui guide les navires ». Sur un véhicule, c’est un feu à longue portée pour offrir la meilleure visibilité la nuit au conducteur.

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